Il n’y a pas si longtemps, la Gaspésie vivait largement de ses propres ressources. Les Mi’kmaq, puis les colons, s’alimentaient surtout grâce à la pêche, la chasse, les petits élevages et les jardins. Chaque famille avait ses réserves de légumes, ses conserves, son poisson salé ou boucané. On achetait très peu à l’extérieur, seulement des produits rares comme le sucre ou le café. Bref, la plupart des villages fonctionnaient en grande partie par eux-mêmes, dans une logique de survie et de partage. Avec l’arrivée de l’agriculture industrielle (disponibilité accrue des produits importés), la baisse de la culture de potagers familiaux et surtout l’effondrement de la pêche à la morue dans les années 1980-1990, cette autonomie s’est perdue. Là où nos grands-parents et ancêtres vivaient presque en autosuffisance, il nous faut aujourd'hui repenser nos façons de faire car  notre sécurité alimentaire est de plus en plus fragilisée.

​

Comment se manifeste l'insécurité alimentaire?

L’insécurité alimentaire se manifeste par des compromis forcés sur la qualité ou la quantité de nourriture, accompagnés de stress, d'impacts sociaux et d'effets sur la santé. Ce n’est donc pas seulement « avoir faim », mais un ensemble de privations et de conséquences qui affectent la vie quotidienne et la dignité. 

 

Degrés d’insécurité alimentaire (selon Statistique Canada et l’INSPQ)

• Légère : peur de manquer de nourriture, incertitude.

• Modérée : compromis obligatoires → baisse de qualité et variété des aliments.

• Grave : réduction réelle de la quantité → repas sautés, faim vécue.

​​

​​La Gaspésie présente un ensemble de facteurs qui accentuent l’insécurité alimentaire :

• Taux de pauvreté plus élevé que la moyenne québécoise : revenus moyens plus faibles, chômage plus élevé, vieillissement démographique. Selon l’Institut de la statistique du Québec (2023) : environ 20% des ménages de la région vivent sous le seuil de faible revenu (comparativement à ~13% pour l’ensemble du Québec).

• Le taux de chômage est supérieur à la moyenne québécoise (entre 9 et 12%, selon les périodes, vs ~5% au Québec).

• Coût élevé des aliments : en raison du transport et du manque de concurrence dans l’offre alimentaire.

• Facteurs saisonniers : plusieurs emplois sont saisonniers (pêche, tourisme, foresterie), créant des périodes de précarité.

• Difficulté d’accès à des services : certaines localités rurales n’ont pas d’épicerie à proximité (“déserts alimentaires”).

• Crise du logement, hausse des loyers, etc.